Il s'agit de Nicolarde, petite fille abandonnée à Chambéry, le 10 mai 1709. Le syndic de Chambéry qui la confie à l'hôpital Saint-François rédige ce billet dans lequel il recommande qu'on lui donne un trousseau et à manger.
Billet du sieur scindicq Verdet pour la reception de la Nicolarde du 10e may 1709.
Sr Claude Bellon recteur des hospitaux de St François et Maché, vous recevrez une fillie appellé Nicolarde qui s’est trouvé exposé ce soir dans la cour de la maison de Madame de Beaumont proche des grandes murallies de la [présente] ville sur laquelle on a trouvé un petit bout de ruban rouge cy ioint a laquelle vous fournires un berceau garny [comme] a laccoustumé et la feres nourrir comme les autres exposés et la depense que vous feres, vous serat entrée et alloué dans vos comptes en foy de quoy avons signé a Chambéry ce 10e may 1709...Sindicq.
Archives départementales de la Savoie - 9Hdépôt 13
Enfants des hôpitaux : c’est sous ce terme que furent pendant longtemps désignés les enfants trouvés ou abandonnés à Chambéry et dans les environs. L’hôpital de Saint-François, situé en face de la cathédrale, avait la charge de les recueillir. Dès sa fondation en 1370, ses statuts prévoyaient qu’il assure leur entretien pendant un délai de trois ans. Passé ce terme les enfants continuaient à être hébergés, mais ils devaient mendier dans les rues leur nourriture. A partir de 1715, ce délai passa à sept ans, à l’issue duquel les enfants étaient reçus par l’Hospice de Charité, nouvellement institué.
La découverte d’un enfant « exposé », c’est à dire abandonné sur une place, au coin d’une rue, donnait lieu à une enquête sommaire pendant laquelle étaient entendues toutes les personnes susceptibles de fournir des renseignements sur son identité ou celles de ses parents. Lors de son admission à l’hôpital, l’enfant était rapidement baptisé. En règle générale, il recevait deux prénoms, inspirés par ceux de ses parrains et marraines. L’hôpital lui fournissait un trousseau et s’il survivait, le confiait à une nourrice.
Parmi les archives de l'hôpital Saint-François se trouvent de nombreux documents attestant de la réception à l’hôpital de ces enfants puis de leur entretien : billets de réception, extraits de baptêmes, procès-verbaux d’exposition, déclaration de la mère lorsque l’abandon n’était pas dissimulé, certificats de vie ou de décès, notes de frais. L’hôpital conservait tous les élements qui pouvaient permettre l’identification des enfants, jusqu’au petit bout de ruban épinglé sur les langes ou le billet sur lesquels quelqu’un avait écrit un nom. Les administrateurs pensaient que tous ces petits témoins de leur misère pourraient un jour leur donner une identité.