Les gorges de Saint Christophe, un site naturel et culturel d’exception

Au pied de la Chartreuse, les gorges étroites creusées par le Guiers vif marquent la frontière naturelle entre la Savoie et l’Isère. Ce site grandiose peuplé d’érables, frênes et tilleuls accueille chauves-souris, lynx ou faucons pèlerin. Mais savez-vous que ce défilé naturel a été une voie de circulation dès l’époque romaine et qu’il vous offre de nombreux parcours de découverte ?

DECOUVRIR

Pipistrelles et autres mammifères y ont élu domicile

Les 6 kilomètres de gorges, peuplés de boisements frais et humides ont été façonnés par les eaux de fonte des glaciers pendant près de 2 millions d’années à travers les différentes ères glaciaires. Ils abritent la grotte supérieure parcourue par l’eau et la grotte inférieure devenue fossile. Plusieurs espèces de chauves-souris assez représentées en Savoie, comme la pipistrelle commune ou le murin à moustaches, s’y sont installées.

Les boisements très présents sur l’ensemble du site et les secteurs rocheux ont favorisé le développement d’espèces emblématiques, notamment le lynx boréal. Il est régulièrement observé sur le site en particulier dans les hêtraies et zones rocheuses qu’il affectionne particulièrement.

Le faucon pèlerin, que l’on voit planer le long des parois à la recherche de courants chauds est présent en couple depuis plusieurs années.

2006 F pélerin 1000©ManuelBouron CENSavoie 2006 Faucon pélerin © M. BOURON CEN Savoie

Dès la Préhistoire, les premiers hommes s’abritent dans la paroi rocheuse

Sur le site, l’abri sous roche de la Fru témoigne des plus anciennes traces d’occupation en Savoie. Douze années de fouilles archéologiques ont livré des vestiges datant de 11500 à 1000 ans avant notre ère. Ils témoignent de l’implantation en Chartreuse des premiers hommes, attirés par l’abondance du gibier après la période de glaciation.

D’une voie romaine à une voie royale

Le défilé des gorges sert de passage pour franchir le massif de l’Epine sur la route entre Lyon et Turin dès l’époque romaine. Plus tard il constitue une frontière entre le duché de Savoie et la France. Au 17e siècle, le duc de Savoie Charles Emmanuel II redécouvre l’intérêt de cette ancienne voie et l’aménage en route charretière de Pont-de-Beauvoisin à Saint-Jean-de-Maurienne. Pour améliorer le chemin muletier du défilé et le passage dangereux du « Grand escalier », il fait réaliser une rampe d’accès de 400 mètres de long entre la plaine et le défilé des Echelles. Pour célébrer cette réalisation il fait ériger un monument de 15 mètres de haut qui porte son nom. Quand les ducs de Savoie obtiennent le titre de rois de Sardaigne en 1718, la voie devient royale.

Explorer le site : Visites et randonnées

Le site de Saint-Christophe-la grotte offre de multiples possibilités de découverte : visite guidée des grottes et de la voie sarde, espace d’interprétation sur l’occupation du site de la Préhistoire jusqu’à nos jours, randonnées pour découvrir les spécificités géologiques du site et jeu parcours sur la piste des hommes préhistoriques.

Pour préparer votre visite : site des grottes

COMPRENDRE

Les traces géologiques et préhistoriques

Observerez les traces géologiques laissées par le passage de l’eau comme les « marmites de géant », de forme circulaire, creusées par l’effet mécanique et chimique de l’eau ou les failles profondes et les gouilles ou cuvettes remplies permettant aux animaux de venir s’abreuver.

Erables, frênes et tilleuls sont très présents sur le site. La variété et l’ancienneté de ces boisements a permis le développement de cavité où logent mousses et insectes mangeurs de bois morts appelés saproxyliques.

La grotte supérieure qui continue d’être creusée par l’activité de l’eau comporte de vastes salles, des concrétions remarquables et les fameuses marmites de géant.

La grotte inférieure appelée grand goulet est sèche, l’eau ne la façonne plus, les concrétions existantes ne grandissent plus.

Les premiers groupes humains qui se sont installés dans les Alpes du Nord ont occupé l’abri sous roche de la Fru, situé à 570 mètres d’altitude. De nombreux vestiges ont été retrouvés comme des grattoirs, des perçoirs et des ossements d’animaux.

Le pont Romain

Ce pont, suspendu au-dessus de la rivière du Guiers Vif, se trouve au point le plus bas des gorges. Ne vous fiez pas à son nom car il ne date pas de l’époque romaine mais bien du 18e siècle. Il faisait office de douane entre la Savoie et la France.

La Voie sarde

Au 17ième siècle, Christine de France, duchesse et régente de Savoie et son fils Charles-Emmanuel II s’efforcent de rétablir le passage du Mont-Cenis, à force de diplomatie, par un rapprochement d’intérêt avec la France. Dans ce contexte, Charles-Emmnanuel II fait aménager la route entre Pont-de-Beauvoisin et Saint-Jean-de-Maurienne.

Le tunnel des Echelles

Napoléon décide l’abandon de la voie Sarde, la jugeant trop difficile. Il fait construire un tunnel à son nom appelé également tunnel des Echelles toujours emprunté de nos jours. Il s’agit du premier tunnel des Alpes françaises.

Forêt du site de Saint Christophe
Forêt du site de Saint Christophe
Panneaux à l'entrée de la grotte supérieure
Panneaux à l'entrée de la grotte supérieure
Entrée de la grotte supérieure
Entrée de la grotte supérieure
Traces géologiques et voie Sardes sur le site de Saint Christophe
Traces géologiques et voie Sardes sur le site de Saint Christophe
Voie Sardes sur le site de Saint Christophe
Voie Sardes sur le site de Saint Christophe

Le site en quelques dates

 

Magdalénien et Azilien : 14 000 - 12 000 ans avant nos jours

Occupation sur le site de La Fru

1667

Charles-Emmanuel II décide d’aménager une route charretière de Pont-de-Beauvoisin à Saint-Jean-de-Maurienne par les gorges de Chailles et le défilé de la Grotte

1674-1675

Le monument en l’honneur du duc Charles-Emmanuel II est érigé.

1806-1820

Début des travaux pour le percement du tunnel des échelles. Son inauguration a eu lieu en 1820. 

1852

Le monument en l’honneur du duc Charles-Emmanuel II est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

1981

Découverte du site de La Fru par Gilbert Pion, des fouilles sont programmées jusqu'en 1993

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