Au cœur de la région de l’Albanais, caractérisée par une succession de vallons, se sont installées plusieurs zones humides dont les étangs de Crosagny et les marais de Beaumont et de Braillle. Situé entre le lac du Bourget et celui d’Annecy sur les communes d’Entrelacs (Savoie), Bloye et Saint-Félix (Haute-Savoie), cet ensemble de zones humides constitue l’élément le plus remarquable d’une ancienne zone glaciaire.
L’étang de Crosagny, long d’environ 400 mètres et large d’une centaine de mètres s’étend sur 8 ha, dont 4,3 ha en eaux libres. 9 îlots de roselières servent de refuge pour les oiseaux.
Il est alimenté par l’étang de Beaumont au nord et servait autrefois de réservoir pour le fonctionnement du moulin de Crosagny.
Ce réseau d’étang joue également un rôle essentiel dans le fonctionnement d’autres zones humides situées à proximité, en régulant les débits et en filtrant les eaux.
Disposant d’une très forte valeur écologique, cet espace naturel présente une grande variété de groupements de végétaux, depuis les herbiers et roselières aquatiques jusqu'aux espaces boisés en passant par des prairies humides. C’est également un lieu important de nidification pour les oiseaux estivants et une halte salutaire pour les oiseaux migrateurs.
Pour en savoir plus sur les végétaux liés à l’eau, rendez-vous à l’étang de Crosagny.
Vous pourrez découvrir des ceintures successives de végétation, caractéristiques des étangs.
Au centre, dans l’eau, se développent les tapis de nénuphars.
Puis, à la lisière entre eau profonde et rivages, est installée la scirpaie lacustre, formée d’une végétation dense et dominée par une plante vivace herbacée appelée le Jonc des tonneliers.
Enfin, plus près des rives, c’est le royaume de la roselière aquatique, ou phragmitaie, que l’on reconnait à la présence des roseaux communs.
Cette végétation particulière est propice à certaines espèces. Le Blongios nain en fait partie, il est le plus petit représentant de la famille des hérons. Il affectionne les ceintures de roselières et de scirpaie, où il installe son nid à partir du mois de mai, à son retour d’Afrique.
Blongios nain©Manuel Bouron CEN Savoie
Son cousin, le Bihoreau gris, héron également présent sur le site, s’installe lui dans les arbres et fourrés à proximité des étangs. Il est également migrateur.
Héron bihoreau©Manuel Bouron CEN Savoie
Si leurs habitats diffèrent, leur régime alimentaire en revanche est assez proche : ils chassent dans l’eau des petits poissons, des insectes aquatiques, des vers, des larves etc.
Bien qu’aujourd’hui, il soit un espace naturel riche en biodiversité, l’étang de Crosagny a été aménagé par l’homme. Situé sur un ancien lac glaciaire, au cours des siècles, il a fait l'objet de nombreux usages, en fonction des besoins des populations.
Au 14ème siècle, il est créé par le Comte de Genève pour installer de la pisciculture, de même que ses voisins, les étangs de Braille et de Beaumont. Cette pratique perdurera jusqu’à la fin du 19ème siècle. Au 16ème siècle, la construction d’un moulin lui confère aussi le rôle de réserve d'eau.
Au début du 20ème siècle, les étangs et le moulin ont une place importante dans l'économie locale et sont le siège de nombreuses activités (pêche, agriculture, réserve d'eau…).
Les habitants des environs utilisent aussi les étangs comme des lieux de promenade, de pêche ou de balade en barque. Quand les étangs gèlent en hiver, on pratique même le patin à glace !
La glace a aussi un usage économique à cette époque : elle est prélevée dans l’étang de Beaumont, puis stockée dans un bâtiment spécifique, appelé « la glaciaire », pour être ensuite revendue aux restaurants d’Aix-les-bains.
Au cours des années 1950, l'activité du moulin s'arrête et l'exploitation agricole traditionnelle des étangs est abandonnée. En l’absence d’entretien, les étangs se comblent progressivement.
Depuis la fin du 20ème siècle, c’est une nouvelle vocation qui apparait : celle d’un espace naturel, conciliant intérêt environnemental et lieu d’accueil, de découverte et de promenade pour les habitants de l’Albanais.
Grâce à la volonté des collectivités locales et d’une association impliquant les habitants, d’importants travaux sont entrepris : les étangs sont recreusés et remis en eau, les prairies environnantes sont fauchées, la végétation entretenue, etc.
Aujourd’hui, une partie du site n’est plus accessible au public, afin de protéger la flore et d’offrir de la tranquillité aux espèces animales. La découverte se fait grâce à un sentier pédagogique le long de l’étang de Crosagny permettant d’atteindre un ponton en rive sud et un observatoire en rive ouest.
Entrelacs