Château de Chantemerle - La Bathie

Le château de Chantemerle est un symbole du pouvoir des archevêques-comtes de Tarentaise. Construit avec les dernières innovations défensives de l'époque, il contrôle l'ancienne route d'accès à la vallée de la Tarentaise et au col du Petit-Saint-Bernard. Ses vestiges nous donnent un très bon aperçu de ce qu'est au 13e siècle une forteresse médiévale.

L'entrée sur les terres de l'archevêque

Au début de la vallée, le château marque l'entrée sur les terres des archevêques-comtes de Tarentaise. C'est un marqueur de territoires en opposition au château de Conflans, aux mains du comte de Savoie. 

Les tours rondes : une innovation défensive majeure

Le château est édifié au 13e siècle avec les techniques de construction défensive  les plus modernes. Une première tour, ronde, est construite. C'est le comte de Savoie Pierre II qui importe cette innovation technique alors utilisée par les Anglais et les Français. Les tours circulaires corrigent les défauts des tours carrées. Elles sont plus faciles à défendre car elles n'offrent aucun angle mort aux défenseurs mais elles sont plus chères à réaliser. 

Il est aujourd'hui possible d'observer des exemples similaires d'architectures savoyarde du 13e siècle en Savoie bien sûr, mais aussi dans les anciens territoires des comtes, en Valais et en Pays de Vaud (Suisse) mais aussi en vallée d'Aoste (Italie). 

Vue de la tour ronde de la bathie de Chantemerle, ©Département de la Savoie.
Ancienne tour du château Saint-Michel dont elle est le dernier vestige, sur la commune de Saint-Michel-de-Maurienne. Construite dans le style des tours rondes savoyardes et récemment restaurée, ©Département de la Savoie.
Vestiges de l'ancien château des mareschal de Lucianes, vassaux de la Maison de Savoie. Il ne reste aujourd'hui que la tour et une partie du logis seigneurial, ©Département de la Savoie.

La bathie ou carré savoyard

Les bathies comprennent enceintes et tours rondes d'angles et sont construites selon un plan géométrique contrairement aux châteaux "organiques" qui se développent en fonction des besoins et du relief sans plans préétablis. Ce modèle de château se développe sur le territoire savoyard à la fin du 13e siècle et au 14e siècle par le travail de Jacques de Saint-Georges, un bâtisseur au service des comtes de Savoie. Il est même exporté au Pays de Galles par les Anglais. En effet, s'arrêtant en Savoie pendant son voyage de retour de Terre Sainte, Edouard Ier, roi d'Angleterre est impressionné par la qualité des fortifications construites par les comtes de Savoie.

 

Il fait venir en 1278 Jacques de Saint-Georges au Pays de Galles avec le soutien du comte de Savoie pour superviser l'édification de ses châteaux gallois destinés à marquer l'autorité du roi dans ces terres hostiles et contrôler la frontière avec les autres peuples de Galles. 

De la forteresse à la résidence

Le château remplit rapidement de multiples fonctions. Siège d'une châtellenie, un châtelain, nommé par les archevêques-comtes administre le territoire en leur nom. C'est également une puissante forteresse et l'une des résidences principales du pouvoir épiscopal. Le château fait l'objet pendant quelques années de travaux réguliers de renforcement du système de défense mais aussi de confort. 

 

Une seconde tour, carrée cette fois, est ajoutée pour renforcer les défenses et aménager plus d'espace pour la vie de tout les jours. On construit des cheminées, on élève les constructions et on perce des fenêtres. La transition entre forteresse et résidence s'accentue visiblement au 14e siècle. Le château n'est jamais adapté à l'apparition de la poudre et son rôle défensif est progressivement abandonné. 

Déclaré bien national en 1792, pendant l'occupation française, il est vendu et se dégrade très vite. en 1988 le château est acquis par le Département de la Savoie qui le fait rapidement consolider. 

Tentative de reconstitution de la bathie, 1984, ©J.Théaldi.
Le château vu du village de la Bâthie au 20e s, ©Musée Savoisien Département de la Savoie, Solenne Paul.
La bathie de Chantemerle au 20e siècle, ©Musée Savoisien Département de la Savoie, Solenne Paul.

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