En 443, les Burgondes, peuple germanique parti de Scandinavie, s’installent en Sapaudia avec l’accord de l’Empire romain pour sécuriser les routes alpines et empêcher l’avancée des peuples barbares. Combattants déjà romanisés ils s’intègrent aux populations gallo-romaines et se convertissent progressivement de l’arianisme au catholicisme. Ils agrandissent leur territoire bien au-delà-de la Sapaudia et vers 500, après la chute de l’Empire romain, créent un royaume qui va jusqu’à la Méditerranée. Après la conquête par les Francs, ce royaume, devenu le royaume de Bourgogne est rattaché aux Mérovingiens puis aux Carolingiens. Lors de la chute de l’Empire carolingien en 987, il est intégré au Saint-Empire romain germanique.
Plaque-boucle de ceinture mérovingienne, 7e-9e siècle, découverte à Cognin, fer et incrustations d’argent. ©Musée Savoisien, Département de la Savoie, Solenne Paul.
Au cours de cette période, la Chrétienté est en plein essor. Vers 500 les premiers évêchés alpins sont créés à Moûtiers et Saint-Jean-de-Maurienne et à la campagne, les paroisses s’organisent . Le culte des reliques dont celles de Saint-Jean-Baptiste à Saint-Jean-de-Maurienne est instauré. Les Burgondes puis les Mérovingiens maîtrisent parfaitement la métallurgie comme en témoignent les objets d’orfèvrerie retrouvés sur le territoire.
Le dernier roi de Bourgogne Rodolphe III meurt sans héritier. En Savoie, le comte Humbert, ancien conseiller du roi et soutien de l’empereur impose progressivement son autorité avec l’aide des armées impériales. Peu à peu, les seigneurs locaux s'effacent face au premier comte de Savoie. Dès l’origine, Humbert et ses successeurs ont une politique d’expansion territoriale à cheval sur les Alpes. Par une politique de mariages et de conquêtes ils réussissent à contrôler l’ensemble de l’ancienne Sapaudia mais aussi le Valais, le Chablais, une partie du Piémont… Par le contrôle des axes de circulation transalpins ils deviennent les portiers des Alpes.
Humbert-aux-Blanches-Mains, premier comte de Savoie, 18e siècle. Collection Musée Savoisien.
Les comtes de Savoie qui cherchent à étendre leur territoire et leur influence au-delà des Alpes, sont rapidement intéressés par la ville de Chambéry. Celle-ci ne compte que 2 000 habitants mais bénéficie d’une position centrale au carrefour des principales routes vers la France, Genève et l’Italie. Ils achètent la ville en 1232 au seigneur de Chambéry puis le château en 1295. Les comtes fortifient la cité, transforment le château en une véritable forteresse médiévale et installent le siège de leur puissante administration ! Grâce à une politique économique efficace, à l’octroi de franchises aux habitants et à la présence comtale, la ville se développe vite.
La ville et le château de Chambéry, C. Chastillon, début du 17e siècle ©Musée Savoisien, Département de la Savoie, Solenne Paul.
Le 19 février, Sigismond, Empereur du Saint-Empire romain germanique vient jusqu’au château de Chambéry pour élever le comte Amédée VIII au rang de duc et de prince d’Empire, créant le duché de Savoie. Par cet événement la Savoie devient l’une des plus importantes principautés européennes et obtient une autonomie politique sans précédent ! L’empereur reconnaît la fidélité d’Amédée VIII et son rôle diplomatique essentiel dans l’Europe du 15e siècle. A cette époque la Savoie connaît son apogée territoriale : elle s’étend du lac de Neufchâtel jusqu’à Nice et des portes de Lyon à Vercelli en Italie !
Ducat d’or d'Amédée VIII de Savoie, 1430, Médaillier de Savoie, collections départementales. ©Département de la Savoie