La fermeture pour rénovation du musée c’est aussi l’occasion d’un grand « chantier des collections ». Fragiles et sensibles à la poussière, aux vibrations, aux chocs, aux manipulations, les collections doivent être particulièrement choyées. Conduit en interne, ce chantier nécessite l’intervention de tous les corps de métier du musée et une adaptabilité au cas par cas. Zoom sur les collections textile...
La loi du 4 janvier 2002 oblige tous les musées de France (code du patrimoine) à procéder à un récolement universel et décennal, c’est-à-dire à la confrontation de l'inventaire (liste des objets) avec l'existence physique des objets. Le Musée Savoisien a fait le choix de l’intégrer à son chantier des collections qui n’est autre que la mise en oeuvre d'une chaîne opératoire : dépoussiérage, prise de mesures, marquage, informatisation des données, prise de vue photographique, traitement si nécessaire (anticorrosion, contre les insectes etc…), conditionnement.
Ainsi, depuis 2012, le récolement avance sous la forme de plusieurs campagnes, déjà réalisées ou en cours : archéologie, objets ethnographiques, affiches, médailler de Savoie…
Chaque type de collections a ses spécificités et nécessite l’écriture d’un protocole sur mesure à mettre en place. Il est pensé et réalisé en interne sur plusieurs mois. Les agents du musée sont ensuite formés dans les réserves afin d’acquérir le savoir-faire nécessaire.
Le conditionnement des collections nécessite de gros moyens, tant en termes de place que d’achat de matériel (matériaux spéciaux qui ne se dégradent pas avec le temps). Certaines collections nécessitent un conditionnement sur mesure et le Musée Savoisien est amené à le fabriquer. C’est le cas pour le textile sur cintre qui depuis plusieurs mois passe sur le chantier des collections. Il a nécessité la confection de cintres, bustes et bras rembourrés.
Dans le cadre de sa rénovation, le musée est dans l’attente de la construction d’un centre de conservation. D’ici là, l’informatisation des collections se poursuit et permettra leur publication en ligne.
Aspirer entre les plis des vêtements, enlever les cocons : le dépoussiérage est une vraie technique qui exige un travail minutieux. Un aspirateur de conservation avec des embouts spéciaux est utilisé afin de ne pas aspirer les fibres du textile. Chaque face, pli, recoin du vêtement est passé au crible. La micro aspiration permet d’enlever les exuvies (petits fils de restes de cocon), les oeufs ou les cocons de mites, car oui, au fil des années, certains insectes ont pu trouver refuge dans les vêtements ! Pinceaux, pinces, gants, charlottes, masques, manchettes ou blouses sont également de rigueur afin de ne pas abîmer les collections lors de leur manipulation.
Robes, tabliers, châles, ceintures, vestes, jupes, pantalons, chemises, chasubles, capes, uniformes, châles tapis, vêtements de montagne et de ski : la collection textile ne représente pas moins de 800 pièces et plus de 150 coiffes, chapeaux, bonnets. Tout doit être enregistré pour la conservation et la future mise en ligne des collections. Une vraie carte d’identité de l’objet est réalisée avec numéro d’inventaire, prise de mesures, description, localisation, domaines, inscriptions, matériaux et techniques utilisées, état général…
Cintres et boites
Marquage de l’objet, confection des cintres, bustes et bras de rembourrage : tout est cousu à la main par les agents. Les textiles trop fragiles sont conditionnés dans des boîtes.
A l'endroit, à l'envers, en détails... les photos sont prises sur cintre ou à plat en fonction de la fragilité de la robe. Elles viennent compléter la fiche technique. Une mire et une règle permettent de donner des indications du rendu des couleurs et de l'échelle. Le fond photo a été fabriqué par les agents techniques. Tout chantier made in musée !
Prise de vue de l'objet, sa photo ira dans son dossier et permettra la mise en ligne des collections.