Au début du 18e siècle, à Aiton, sur le promontoire qui domine le confluent de l'Arc et de l'Isère, l'évêque de Maurienne, construit un vaste palais, aujourd'hui disparu. Il en reste heureusement de belles traces écrites aux Archives départementales. Elles permettent de vous proposer une petite visite. Allons-y, l'évêque est sorti...
Dessin du château d'Aiton. Plan pour l'endiguement de l'Isère, par l'architecte Garella, 18e siècle. ©Archives départementales de la Savoie
On entre dans la propriété par un portail en pierres de taille puis une grande cour, toute en longueur. Le palais est environ aux deux tiers de la propriété. De l'autre côté se trouve une vaste terrasse, entourée de hauts murs d'appui. La vue depuis cet emplacement est magnifique. A droite, on voit le bas de la Tarentaise avec le cours de l'Isère qui s'étend de part et d'autre de la vallée. A gauche, le regard se perd vers la Maurienne. En face s'étale la Combe de Savoie et la vue porte jusqu'à Montmélian. Le spectacle qu'offre le confluent de l'Arc et de l'Isère est grandiose.
Atlas topographique de la route de Chambéry à Turin par le Mont-Cenis. - Route de Chambéry jusqu'à Saint-Jean-de-Maurienne, feuille de Bourgneuf et Aiton, 1781-1782. © Archives départementales de la Savoie [C 499]
La demeure est une grande et belle bâtisse en briques rouges. Les angles des murs sont en pierres de taille ainsi que les encadrements des portes et des fenêtres. Le vaste toit est à quatre pans. Les cheminées sont hautes et nombreuses. La maison ne compte pas moins de soixante-deux ouvertures. On pénètre dans le palais par un vestibule qui conduit à la cuisine. Un bel escalier de pierres de taille mène au premier étage, où il débouche sur un immense salon. Sur la droite se trouve l’appartement de l’évêque, confortablement meublé, et à gauche deux autres appartements, sans doute destinés aux visiteurs. Le deuxième étage paraît réservé aux officiers de la garde et aux domestiques. Le troisième étage est celui du galetas, auquel on accède par un escalier en bois.
Devis pour divers travaux et la fabrication des meubles du palais d'Aiton, 18e siècle. ©Archives départementales de la Savoie [1J 384]
Explication des chiffres en noir. 1 : les degrés. 2 : la salle. 3 : la chambre de Monseigneur. 4 : son cabinet. 5 : cabinet où sont les latrines. 6, 7, 8 et 9 : autres appartements pour les étrangers. Explication des chiffres en rouge. 1 : lits. 2 : comode. 3 : table à consolle. 4 : table pour tournoier. 5 : fauteuils. 6 : canapés. 7 : chaises. 8 : chambralles de la bibliothèque. 9 : lit à Bancon. 10 : bancs à dossier.
Le domaine comporte plusieurs parcelles de vigne, ainsi qu’une ferme, située à proximité de l'entrée de la cour. Nul doute qu’il ait fait le bonheur de son propriétaire. Mais après le décès de Monseigneur de Masin, ses successeurs ont, semble-t-il, renoncé à s'en occuper. Vidé de son riche mobilier, le palais est abandonné. Il est probablement démoli au 19e siècle. A sa place on construit un fort militaire, qui servira aussi de bagne. Bien transformé, il se dresse toujours fièrement sur la terrasse de l'évêque.
Si vous souhaitez une visite plus détaillée du palais, téléchargez le document pdf que vous trouverez dans nos Ressources documentaires, ci-dessous. Vous connaitrez tout de la répartition des pièces et du mobilier du palais d'Aiton. Vous trouverez également les références aux documents qui ont permis de rédiger la visite.