Les Archives départementales ont acquis trois pièces de parchemin le 8 octobre 2024 lors d'une vente aux enchères. Ceux-ci permettent de documenter les mesures prises après le décès du comte Rouge.
Né le 24 février 1360 au château d'Aveillane, Amédée VII est comte de Savoie, duc de Chablais et d'Aoste et marquis en Italie, des années 1383 à 1391. Il est le fils du comte Amédée VI, dit le comte Vert (1343-1383) et de Bonne de Bourbon dite "Madame La Grande" (1341-1402). Il épouse le 18 janvier 1377 Bonne de Berry, fille du duc Jean de Berry, dite "Madame la Jeune".
Amédée VII porta tout d’abord le surnom de comte Noir, couleur du deuil après la mort de son père. Les Chroniques rapportent que pendant la campagne de Flandre qu’il fit aux côtés du roi de France, il se distingua par de grands exploits sous son armure de deuil et Charles VI lui-même le pria de quitter ses vêtements noirs pour se parer de rouge, signe de courage.
"Bel oncle, je veux que votre gendre, que l'on appelle Comte Noir depuis qu'il porte le deuil de son père, soit désormais connu sous le nom de Comte Rouge. Pendant toute la guerre, un noble feu a excité son courage : la couleur de feu doit être la sienne".
Le règne du comte Rouge est de courte durée. Monté sur le trône en 1386, il décède le 1er novembre 1391 à Ripaille, à la suite d’un accident de chasse. La régence de ses États est confiée à sa mère, Bonne de Bourbon, qui les administrera jusqu’à la majorité de son fils, Amédée VIII.
À la suite d'une blessure reçue à la chasse, Amédée VII décède le 1er novembre 1391 à Ripaille, vraisemblablement du tétanos.
Une rumeur prends corps concernant sa mort : il aurait été empoisonné !
Une enquête est ouverte. Deux personnages sont accusés, Jean de Granville, son médecin et Pierre de Lompnes, son apothicaire.
Torturé, Granville accuse Bonne de Bourbon, assistée de Louis de Cossonay et d'Othon de Grandson, un poète qu'elle protège, de l'avoir poussé à commettre ce meurtre.
Une querelle de succession s'ouvre entre Bonne de Bourbon qui a obtenu la régence et, Bonne de Berry, soutenue par le duc de Berry. La guerre de Cent ans et la querelle des Armagnacs et des Bourguignons ne sont pas loin.
Chacun prend parti et les courriers fusent.
Parmi les échanges, le parti berrichon mobilise ses partisans et affirme ses positions.
1J 794 - Le 10 août 1392.
Jean de Berry demande aux nobles et aux villes de Faucigny, de Genevois et de Chablais leur soutien pour faire punir les coupables de la mort du comte de Savoie, Amédée VII.
Jean de Grandville a été arrêté et une enquête est ouverte.
1J 795 - Le 17 mars 1393.
Jean de la Beaume, l'un des chefs du parti berrichon, demande à Humbert de Savoie, sire d'Arvillard, et à Amé, seigneur des Mollettes, son frère de se rassembler à Chambéry avec leurs amis et alliés pour prendre des dispositions suite à la mort du comte de Savoie Amédée VII.
En février 1393, des états ont été convoqués à Chambéry, sous l'autorité des ambassadeurs du roi de France et des ducs. L'enquête contre Jean de Grandville est en cours.
1J 796 - Le 9 mai 1393.
Jean sire de la Chambre et vicomte de Maurienne, Antoine, sire de La Tour, Jean, sire de Miolans et Humbert de Savoie, sire d'Arvillard protestent au sujet du scellement d'un acte relatif aux dispositions prises suite à la mort du comte de Savoie, Amédée VII, auquel ils ont été contraints.
L'acte en question est vraisemblablement un traité imposé la veille à Jeanne de Berry par Jeanne de Bourbon pour s'octroyer la régence.