Savez-vous que depuis l’Antiquité les hommes affrontent les conditions extrêmes de la haute montagne pour extraire ce précieux minerai ?
Le plomb et l'argent : jamais l'un sans l'autre
L'argent en Savoie en quelques dates
L'argent au service des Princes
Peisey Nancroix : un laboratoire métallurgique en montagne
L’École des mines : une prestigieuse institution en montagne
Sous les pistes de ski, la plus grande mine de Savoie
Galène (Peisey-Nancroix, Savoie) MHNGr.MI.290. Collection J.G. Schreiber, 1827. ©C.Durand et J.-L.Balat
Pour séparer le plomb de l’argent une technique spécifique est utilisée ; la coupellation. Le minerai est chauffé. Le plomb fondant plus rapidement que l’argent, s’échappe. Seul l’argent reste dans une coupelle.
L’argent est un minerai rare, malléable et inoxydable. Le plomb est quant à lui assez abondant, souple et facile à fondre.
Exploitation par les Romains des mines de plomb et d’argent de La Plagne
Forte demande d’argent pour battre monnaie
Duché de Savoie
Droit régalien des ducs de Savoie de battre monnaie
Fermeture de la mine de plomb argentifère de La Plagne
Le Moyen Âge se caractérise par une recherche intensive de minerai d’argent pour la frappe de monnaie. Et pour cause ! Le denier d’argent est la principale monnaie utilisée pendant 600 ans.
Enluminure de Kutná Hora, vers 1490, ©Österreichische Nationalbibliothek
Les comtes et ducs de Savoie, pour asseoir leur pouvoir, obtiennent du Saint-Empire dont ils dépendent, le droit de battre monnaie. Ils investissent alors constamment dans les ressources minières.
Ils encouragent la découverte de nouveaux filons, favorisent l’innovation et promulguent des lois pour soutenir l’activité minière. Avec l’essor économique et démographique des 11e et 12e siècles le besoin en métal pour battre monnaie augmente.
Mais les filons s’épuisent progressivement et la peste noire met un coup d’arrêt aux exploitations. L’activité reprend au 15e siècle, toujours encouragée par le duc de Savoie qui accorde le droit de rechercher de nouvelles mines. Il faut dire que le prince y voit son intérêt : tous les métaux extraits sont alors réservés à ses ateliers monétaires !
Situé à 1300 mètres d’altitude, dans la vallée de la Tarentaise, le petit village de Peisey-Nancroix possède de nombreuses mines. Savez-vous qu’il a été aux 18e et 19e siècles un lieu d’innovation ?
Vestiges de la fonderie de Peisey-Nancroix ©C.Clanet
La technique de séparation du plomb et de l’argent est depuis longtemps maîtrisée par les Anglais. Une compagnie anglaise exploite pendant 15 ans les mines de Peisey et importe son procédé dans la fonderie déjà existante. Suite au départ des Anglais, la fonderie est équipée de fours allemands qui utilisent une autre méthode pour séparer le minerai.
A la fin du 18e siècle, Peisey devient un lieu d’expérience et de perfectionnement des techniques : on y effectue des essais pour remplacer le charbon de bois qui se fait rare par du charbon de terre.
L’ingénieur allemand Johann Gottfried Schreiber, utilise le site de Peisey comme laboratoire pour déterminer les meilleurs procédés de transformation du minerai. Il transfert la fonderie de Peisey à Conflans où il met en application ses expériences métallurgiques.
Au 19e siècle, une prestigieuse école visant à former des ingénieurs s’implante au cœur des montagnes savoyardes. Aujourd’hui, les vestiges de ce passé sont encore visibles sur le site.
Le Palais de la mine de Peisey-Nancroix. ©C.Clanet
En 1802, la Savoie est provisoirement française. L’État ordonne l’implantation d’une école pratique des mines à Peisey. Sa vocation est de former des ingénieurs de haut niveau.
Johann Gottfried Schreiber est nommé directeur. Il confie l’instruction des étudiants à trois professeurs qui résident à Paris et viennent en Savoie à tour de rôle. A Peisey, les élèves réalisent des expériences, des travaux pratiques et des courses géologiques. Les cours théoriques sont donnés à Moûtiers.
Cependant, l’école ne connaît pas un grand succès : alors qu’il était prévu 20 personnes par promotion, seuls 5 ou 6 élèves y étudient certaines années.
En 1814, à la chute du Premier empire, l’École des mines est transférée à Paris où elle se trouve toujours. A son retour au pouvoir, le roi de Sardaigne demande la création d’une école de minéralogie.
Savez-vous que l'une des plus hautes mines d’Europe se trouve en Savoie ? Que pour extraire l’argent et le plomb, les mineurs ont affronté des conditions extrêmes de la haute montagne ?
Située à plus de 2800 mètres d’altitude, la mine de plomb argentifère des Sarrasins, en Maurienne, est la plus haute de Savoie.
Des générations de mineurs ont affronté les conditions extrêmes de la haute montagne pour extraire son précieux minerai ! Elle fonctionne été comme hiver.
La mine des Sarrasins connaît une forte activité au 18e siècle. Une centaine d’hommes y travaillent alors : mineurs, manœuvres, déblayeurs, casseurs, rouleurs, maçons… L’exploitation cesse en 1861 : le minerai contient trop peu d’argent et les ouvriers se font rares.
Cent ans après l’abandon de cette mine, sa réouverture est envisagée par la Peñarroya, une société internationale qui exploite une autre mine de plomb argentifère à la Plagne.
La Plagne est aujourd’hui une station de sports d’hiver internationalement reconnue. Elle a pourtant été jusqu’en 1973 un lieu d’extraction important pour le plomb et l’argent et la dernière mine métallifère en exploitation en Savoie. Sous les pistes se cache un immense réseau de 30 kilomètres de galeries creusées dans la montagne !
Sur la route entre la mine de La Plagne et le site de transformation de La Roche, années 1960. ©Commune de La Plagne-Tarentaise
En 1807, un maçon local redécouvre cette mine déjà exploitée à l’époque romaine. Son activité est alors relancée grâce au directeur de l’école des mines de Peisey qui s’implante à proximité du site.
Elle connaît un avenir international lorsque la société Peñarroya s'y installe en 1934. Dernière mine en activité en Savoie, elle produit peu avant sa fermeture, un cinquième de la production de plomb française.
Longtemps isolée, la mine est reliée en 1961 à la vallée grâce à l’aménagement d’une route pour la station de la Plagne. Même si les aménageurs considèrent la mine comme une verrue esthétique, sociale et sanitaire, elle cohabite plutôt bien avec la station de ski.
L’argent est un métal précieux et convoité. Souvent associé aux bijoux, il est un marqueur de pouvoir des puissants et des riches. Malléable mais solide, il est aussi apprécié pour rendre hommage au divin. Leur capacité à être fondus et refondus perpétuellement a toutefois réduit le nombre d’objets en argent parvenus jusqu’à nous.