Sur la commune de le Châtel, dans la vallée de la Maurienne, venez découvrir ce sentier botanique à flanc de versant, qui, grâce à son exposition plein sud, représente une petite pépite de biodiversité et abrite des espèces végétales similaires à celles du sud de la France.
Le sentier botanique chemine pendant 4,6 Km sur le versant des Plagnes, entre 850 et 1000 m d’altitude. Ce versant très ensoleillé couvre un secteur de 13,6 ha, riche en milieux et espèces adaptées à sa forte exposition solaire. C’est aussi l’occasion de découvrir un joli point de vue paysager sur le village du Chatel et la vallée de la Maurienne.
Le sentier traverse deux grands types de milieux naturels diamétralement opposés : les pelouses, sèches et ouvertes, d’une part et la forêt d’autre part.
Un tapis herbeux ras et parfois clairsemé, sur un sol sec, chaud et pauvre en nutriment : à première vue, les pelouses sèches ne sont pas des stars de carte postale. Pourtant, elles recèlent de multiples trésors. En effet, sous l’effet conjoint du pâturage, du soleil et de la chaleur, les espèces présentes se sont adaptées de façon originale. C’est ce qui explique que plusieurs d’entre elles sont rares et protégées.
Une partie de ces pelouses fait même partie de ce qu’on appelle les pelouses steppiques, qui représentent 25% de la superficie du site. Elles sont très rares à l’échelle régionale.
Dans la partie boisée, s’épanouit une forêt de chênes pubescents (aussi connu sous le nom de chêne blanc) où l’on trouve également l’Erable de Montpellier. D’origine méditerranéenne, ces deux espèces recherchent un fort ensoleillement et un sol relativement sec. Le versant des Plagnes correspond parfaitement à leurs besoins.
L’epipactis à petites feuilles
Moins chatoyante que ses consœurs aux couleurs vives, l’épipactis est belle et bien une orchidée. Habituée des sous-bois elle a besoin d’ombre pour se développer. Pour la reconnaitre, fiez-vous à sa grande pilosité en particulier sur sa tige. C’est une espèce en régression dans notre région ce qui explique sa protection au niveau régional. Pour contribuer à sa sauvegarde, observez-la à loisir mais ne la cueillez pas.
© 2011 Gilbert BILLARD CBNA - Epipactis microphylla
Le thésium à feuilles de lin
Cette petite plante discrète et protégée à l’échelle régionale, affectionne les pelouses sèches. Pour prospérer malgré le pâturage des troupeaux et une fructification incertaine, elle a développé une technique ingénieuse : depuis un premier pied, elle fabrique des tiges rampantes à l’horizontale, appelées stolons. Au bout de celles-ci se forme un bourgeon qui, en contact avec le sol, s’enracine et donne un nouveau pied. Dans nos potagers, le fraisier se développe également de cette manière ! Les pelouses steppiques sont le royaume des insectes et notamment des criquets. Découvrez deux discrets habitants des lieux.
© 2010 Gilles PACHE CBNA - Thesium linophyllon
Le criquet des garrigues
Comme son nom l’indique, ce criquet est très fréquent dans les milieux secs et rocailleux du sud de la France. Au Chatel, c’est une toute petite colonie (estimée à une dizaine d’individus) qui se cacherait dans les secteurs les plus pentus et dans les pelouses très rases, à partir de 950m d’altitude. Connu dans seulement 5 secteurs en Savoie, il est donc particulièrement rare sur notre territoire.
Le barbitiste empourpré
Ce petit criquet d’environ 3 cm est tellement discret, qu’il y encore 10 ans, sa présence était inconnue en Savoie. Malgré des couleurs très vives (rouge, jaune et verte), il vous sera difficile de l’observer : en effet, à la différence des autres criquets il émet des sons inaudibles pour l’oreille humaine et se déplace lentement, sans sauter. Ses lieux de vies préférés sont les buissons denses et épineux à la lisière des coteaux secs et pâturés au-dessus de 850m d’altitude.
La lisière correspond à l’espace de transition entre deux milieux naturels, le plus souvent un boisement et un milieu à la végétation plus basse. C’est le cas ici, entre la forêt de chêne et les pelouses du sentier botanique.
Ecologiquement, c’est un espace très intéressant. Elle est souvent très riche en biodiversité, car elle accueille les espèces végétales et animales des deux écosystèmes qui la bordent et de surcroît des espèces propres à sa présence. C’est par exemple le cas du barbitiste empourpré. Elle peut rendre aussi des services à ses milieux voisins en atténuant l’effet du vent par exemple ou aux espèces animales en servant de corridor où celles-ci se déplacent facilement.
Le Châtel
De juin à septembre
Sentier d'interprétation