A partir du 11e siècle, la forteresse de Montmélian est la principale place forte de la Maison de Savoie. Imprenable pendant des siècles, elle tombe sous les assauts répétés de la France est est entièrement démantelée au 17e siècle.
La présence humaine sur le site de Montmélian est ancienne. Pendant la période gallo-romaine, il est occupé par une ville fortifiée (oppidum). Au 11e siècle, l’existence d’un premier château médiéval, nommé « Pierre-Forte », est attestée. Sa position est très stratégique, au carrefour des routes de Maurienne, de Tarentaise et du Dauphiné. Les comtes de Savoie ne s’y trompent pas : au 12e siècle, le château et sa petite cité naissante, fait partie de leurs résidences favorites et attisent les convoitises de leurs voisins dauphinois et français.
Les comtes vont durant des siècles améliorer ses défenses, les adapter aux techniques de siège et à la modernisation des armements. La forteresse subit de nombreux assauts mais résiste, jusqu’en 1536 où elle tombe aux mains de François 1er. Sa chute marque le début de 30 ans d’occupation française.
La forteresse de Montmélian avant la transformation complète. On aperçoit encore le château médiéval au centre des premiers éléments bastionnés, ©Musée Savoisien, Département de la Savoie, Solenne Paul.
Lorsque le duc de Savoie Emmanuel-Philibert est rétabli dans ses droits sur ses possessions savoyardes en 1559, il décide d’améliorer le système de défense de Montmélian, pour en faire la meilleure forteresse d’Europe. Du 16e au 17e siècle, grâce aux idées développées par les architectes de l’école piémontaise de fortification, les grands murs droits médiévaux sont remplacés par de multiples fortifications, avec des terrassements inclinés, capables d’encaisser plus facilement le choc des boulets de canons. On multiplie les bastions afin de contrôler le plus d’angles possible et de s’adapter à l’artillerie.
Le site de Montmélian se prête très bien à ce dispositif. Situé sur une éminence, il est difficile de l’attaquer à pied. Quant à l’artillerie, elle reste trop peu précise pour l’inquiéter. Admirée par beaucoup, la forteresse fait l’objet de nombreux plans et représentations. Elle acquiert vite une réputation qui dépasse les frontières de la Savoie. Réputée imprenable dans l'Europe du 17e siècle, elle subit les assauts répétés de la France.
La forteresse de Montmélian au 17e siècle, ©Musée Savoisien, Département de la Savoie, Solenne Paul.
En 1600, les troupes d’Henri IV conquièrent la Savoie. Les principales villes et forteresses tombent les unes après les autres mais Montmélian, forte de ses puissantes défenses, résiste ! Après la prise de la ville par Lesdiguières, Sully, Grand maître de l’artillerie royale française installe 31 canons et 7 batteries pour « battre » la citadelle du 14 octobre au 12 novembre 1600. L’impossibilité pour les secours venant du Piémont d’arriver force la capitulation.
En 1630, la forteresse est assiégée pendant 13 mois par les troupes de Louis XIII mais ne capitule pas. Le siège le plus dur est celui des armées de Louis XIV dirigées par le général Catinat en 1690. Il est bien connu grâce aux carnets de siège rédigés au jour le jour. La ville est prise la nuit du 9 août 1691, après plus d’un an de siège. Après la destruction complète de la cité, la forteresse subit un bombardement intense. Des milliers de boulets sont tirés sur la forteresse. Privé de secours, le gouverneur de la citadelle négocie une capitulation honorable.
Endommagée, puis remaniée en permanence aux cours des conflits incessants qui opposent la France et la Savoie au 17e siècle, la forteresse est finalement détruite en 1705 par Louis XIV, las de cet obstacle. Les destructions engendrées par ces années de guerre et la proximité avec la France, achèvent de convaincre les ducs de Savoie de construire l’avenir de leurs États de l’autre côté des Alpes, du côté du Piémont !
Au Moyen Âge, au pied de la forteresse, apparait la cité de Montmélian. Son développement est favorisé par sa position au carrefour d’axes routiers majeurs, comme par la présence d’un arrière-pays agricole et viticole. Les comtes de Savoie y installent une châtellenie puis le baillage de Savoie, puissante circonscription administrative et militaire chargée d’assurer la police et la surveillance générale.
Comme la forteresse, la ville subit pendant des siècles les assauts des armées françaises. Elle sera réduite en cendre à la fin du 17e avant d’être reconstruite. Elle demeure un site incontournable, surplombant les rives de l’Isère. Les archives de la commune déposées en 1926 aux Archives départementales de la Savoie ont malheureusement été endommagées par une inondation et sont devenues inconsultables.
Aujourd’hui, il est possible de se rendre sur le site de l’ancienne citadelle, à la découverte de ses derniers vestiges et de prendre la mesure de la position stratégique de cette forteresse mythique.
Ce fort, aujourd’hui en Isère, est construit par le duc de Savoie à Barraux, en terre dauphinoise, à la frontière avec la Savoie. C’est une véritable provocation adressée à la France d’autant plus que le fort est nommé fort Saint Barthélémy pour rappeler à la France les exactions commises envers les Protestants.
Il s’agit d’un très bel exemple de l’architecture bastionnée de l’école piémontaise de fortification. En 1598, alors que sa construction vient tout juste de s’achever, le connétable de Lesdiguières, chef de guerre d’Henri IV en Dauphiné, prend le fort. Celui-ci est ensuite remanié à plusieurs reprises par les ingénieurs français, notamment Vauban à la fin du 17e siècle, mais le plan général de l’architecte piémontais Ercole Negro est conservé.