Dans la seconde moitié du 18e siècle, l’émigration savoyarde en France s’accroît considérablement contribuant à la diffusion des idées révolutionnaires en Savoie. Au lendemain de la proclamation de la République, à Paris le 21 septembre 1792, l’armée républicaine française entre dans Chambéry. Surprises, l’armée et l’administration sardes trouvent refuge au-delà des Alpes. Un mois plus tard « l’Assemblée Nationale des Allobroges » se prononce pour « l’Annexion de la Savoie à la France ». La Savoie devient française, le département du Mont-Blanc est créé.
Le roi de Sardaigne chassé par les armées révolutionnaires françaises. ©Musée Savoisien, Département de la Savoie, Solenne Paul
En 1793, des émeutes urbaines et des insurrections paysannes qui s’opposent à la politique religieuse anticléricale sont durement réprimées. En 1796 les armées sardes affrontent les armées napoléoniennes lors de la campagne d’Italie ; c’est la guerre des cols. Après la défaite de ses armées, le roi Victor-Amédée III reconnait l’annexion du comté de Nice et de la Savoie à la France. La famille royale et de nombreux notables se réfugient en Sardaigne. En Savoie, une administration centralisée se met en place avec la création des préfectures.
Après la défaite de Napoléon Ier, le pouvoir monarchique de la Maison de Savoie est restauré. Les Savoyards retrouvent après 23 ans de régime français, un souverain sarde Victor -Emmanuel Ier qui refuse l’héritage de la Révolution et de l’Empire. Ce gouvernement conservateur, autoritaire, antilibéral est appelé Buon Governo (bon gouvernement). Son fils Charles-Félix exerce la même politique. Les pouvoirs de l’armée et de la police sont renforcés et l’Eglise retrouve un rôle central.
Charles-Albert, duc de Savoie et roi de Sardaigne (1831-1849), collection Fondation d'Hautecombe, ©Département de la Savoie
Monté sur le trône en 1831, Charles-Albert modernise le royaume. Sous la pression des libéraux piémontais il adopte en 1848 une constitution. La monarchie devient comme en France, une monarchie constitutionnelle. Charles-Albert s’aventure dans la guerre d’indépendance et d’unité italienne contre l’Autriche. C'est le début du Risorgimento, mouvement libéral d’unité nationale. Son fils Victor-Emmanuel II qui devient roi en 1848 et son président du Conseil Cavour seront les artisans majeurs de l'unité italienne.
Victor-Emmanuel II, roi de Piémont-Sardaigne veut unifier l’Italie sous son autorité. Pour cela il doit s’affranchir de la domination autrichienne au nord du territoire. Lors d’une entrevue secrète, son premier ministre, Cavour, s’accorde avec l’Empereur des Français Napoléon III sur une aide militaire de la France en échange de la cession des territoires correspondants aujourd’hui à la Savoie, la Haute-Savoie et Nice.
Les armées franco-sardes libèrent le nord de la péninsule. Reste donc à organiser la consultation des populations. A la question « la Savoie veut-elle être réunie à la France », les Savoyards ayant pris part à la votation répondent très majoritairement : oui ! Le traité de Turin est ratifié : Nice et la Savoie deviennent français et les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie sont créés.
La Votation, Houssot, dépôt du musée d’Angoulême au Musée Savoisien, ©Musée Savoisien, Département de la Savoie, Solenne Paul. Les Savoyards ayant pris part à la votation répondent très majoritairement oui. La Savoie devient française.
A partir de 1860, l’économie savoyarde jusqu'alors protégée au sein du royaume sarde, est intégrée à l’espace économique français. Sous la troisième République, elle est confrontée à la Révolution industrielle, à la compétitivité du libre-échange, à l’introduction de capitaux et au développement du chemin de fer.
Usine de la Société des produits azotés, Notre-Dame-de-Briançon, début du 20e siècle, ©Musée Savoisien, Département de la Savoie, Solenne Paul.
Jusqu’aux années 1890, une crise structurelle marque le déclin des productions traditionnelles. La seconde Révolution industrielle relance l’activité grâce au développement de l'hydroélectricité. La houille blanche et le chemin de fer permettent aux industries électrométallurgiques, électrochimiques et électrotechniques de s'installer. Ces industries, implantées à proximité des chutes d’eau, sont un moteur du développement économique des vallées et un facteur d’immigration en particulier italienne. Après la première guerre mondiale la société connaît de très grandes transformations : c’est la fin de la société agro-pastorale.
La Savoie dont l’économie était fondée sur la culture, l’élevage et les industries liées à la houille blanche au 19e siècle se tourne vers l’économie du ski et du tourisme. Dans l’immédiat après-guerre, par décision du Conseil général de la Savoie, Courchevel 1850 est la première station de sports d’hiver créée ex-nihilo, dans des espaces jusqu’alors vierges. La réalisation est entièrement soutenue par les pouvoirs publics, dans le cadre du plan neige et de la reconstruction de la France. Une équipe d’architectes et d’urbanistes menés par Laurent Chappis réfléchit sur la manière d’habiter et de construire en montagne.
La station de La Plagne, © Département de la Savoie, Pascal Lemaître
Cette expérience est une réussite. Elle sert d’exemple pour le développement très rapide de nombreuses stations : La Plagne, Val Thorens, Les Arcs… La Savoie développe son secteur touristique et devient une destination incontournable des sports d’hiver. En 1992 les Jeux Olympiques d’Albertville consacrent ce nouveau statut.