Une église sur la place Saint-Léger de Chambéry ?

Et oui ! Pendant près de 400 ans, la première église paroissiale de Chambéry s’est dressée sur la place Saint-Léger. Elle a été démolie en 1760. Si vous cherchez bien, vous en trouverez quelques traces…

L'emplacement de l'église, sur la place Saint-Léger. Nouveau théâtre du Piémont et de la Savoye. Tome II. Ville de Chambéry. 1725.©Archives départementales de la Savoie.

A cheval sur un ruisseau

Aujourd’hui la place Saint-Léger, à Chambéry, s'étire tout en longueur, bordée de vieux  hôtels particuliers et de boutiques. Mais, pendant des siècles, elle est constituée de deux rues, situées de part et d’autre du canal de l’Albanne, qui coule à ciel ouvert. C’est à peu près au centre de cet espace, au débouché de la médiévale rue Métropole et de la récente rue Porte-Reine (percée en 1897), que les habitants de Chambéry ont construit leur première église.

Long d’une trentaine de mètres, l’édifice est posé à cheval sur le ruisseau, ce qui pose de gros soucis pour sa stabilité, mais aussi sa sérénité. En effet s’il est possible de traverser l’Albanne sur de petits ponts, il est aussi très commode, pour les paroissiens et les voyageurs, de passer par l’église, même pendant les sermons des curés. Autant dire que la localisation du bâtiment, n’a jamais été très favorable au service divin, sans cesse dérangé par le bruit des passants, des boutiques et des cabarets.

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Unique plan de l'église Saint-Léger avant sa démolition, par l'architecte Garella, 1750. ©Archives départementales de la Savoie [SA 211]

Une disparition prévisible

L’église est fragile. Malgré les travaux dont elle fait souvent l’objet, à la fin de l'année 1748, les syndics de Chambéry constatent son mauvais état. Le clocher menace de s’effondrer. A la demande d’un conseiller de la ville, le Comte de Monjoy, le Baron de Valérieu, propose un projet de reconstruction ambitieux, dont les archives de Chambéry gardent la trace. Mais celui-ci n'aboutit pas. En 1750, le clocher est démoli et en 1760, c'est au tour de l’église de disparaitre. Enfin, pas tout à fait : les cloches et le retable du maître-autel sont conservés. 

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Projet surprenant de reconstruction de l'église Saint-Léger. ©Archives départementales de la Savoie [SA 211]

Des cloches qui continuent de sonner !

Lors de la démolition de l’église, trois cloches sont conservées et placées dans le clocher, très proche, de la Sainte-Chapelle du Château des ducs de Savoie. On peut les apercevoir encore aujourd’hui depuis la place du Château mais elles ne font pas partie des 70 cloches du célèbre carillon de Chambéry, fondues chez Paccard et installées dans le clocher en 1993. Et pour cause ! L’une de ces trois cloches sonne volontairement faux : c’est le tocsin ! Elle est classée, tout comme les deux autres, au titre des monuments historiques

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Place du château à Chambéry ©Conservation départementale du Patrimoine. On aperçoit au sommet de la tour Yolande, clocher de la Sainte-Chapelle, les trois cloches de l’ancienne église Saint-Léger.

Le sauvetage du retable du maître-autel

Avant la démolition de l'église, son mobilier est entreposé au château. Onze années plus tard, le 22 mai 1771, le conseil communal de Chambéry vend aux enchères le retable du maître-autel, qui commence à se dégrader. L'œuvre, du 17e siècle, trouve heureusement preneur. Elle est acquise par la commune de Saint-Alban d'Hurtières, en Maurienne. Elle l'installe dans sa propre église, où on peut toujours l'admirer. 

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Eglise de Saint-Alban d'Hurtières, retable majeur. ©FACIM, Lemaitre Pascal. Archives départementales de la Savoie [108Num 3433].

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