Certains l’auront remarqué, la Sainte-Chapelle, en travaux depuis le printemps 2021, n’a pas encore réouvert au public ! En cause, des taches blanches et brunes qui endommagent les décors du chœur et donnent du fil à retordre aux conservateurs du patrimoine. Alors que les échafaudages extérieurs ont été enlevés dès les travaux d’étanchéité terminés, à l’intérieur ils sont toujours en place. Plus pour très longtemps ! En attendant qu’un protocole de restauration des décors soit trouvé, ils vont être retirés et la chapelle va ouvrir de nouveau ses portes aux offices, visites guidées et concerts.
Pas si facile de comprendre pourquoi les décors du chœur se dégradent si vite ! L’eau qui s’infiltrait entre deux couches d’enduits n’est pas la seule fautive. Une première analyse a montré que la présence de sels, gonflant au contact de l’eau, entrainait leur dégradation et leur chute. Mais elle n’a pas permis d’en expliquer les causes. Difficulté supplémentaire : toutes les couches d’enduits ne réagissent pas de la même manière ! Une seconde analyse va être menée prochainement pour expliquer ces réactions différenciées.
Au plafond de la chapelle, un autre phénomène intrigue. Des taches brunes apparaissent. Terre dans l’enduit ? Présence de minerai de fer qui entrainerait une réaction chimique dans la chaux utilisée ? Champignons ? Moisissures ? Bientôt une séconde analyse permettra de le savoir.
Monument historique classé, la Sainte-Chapelle est l’objet de grandes attentions. Sur cette phase de travaux comme pour la première, c’est l’agence d’architecture D'AR JHIL qui pilote les opérations, en étroite collaboration avec le Département, maître d’ouvrage. Toutes les interventions doivent être validées par l’Etat, représenté par la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC). Sur cette affaire, le laboratoire des Monuments historiques, qui travaille actuellement sur le déplombage et la restauration des décors de Notre-Dame de Paris apporte également son soutien. https://www.lrmh.fr/
Il n’est pas envisageable de restaurer les décors tant que la source du problème n’a pas été trouvée. Ce serait s’exposer à une récidive quelques mois plus tard. De la même manière, impossible d’enlever toutes les parties dégradées et de refaire les décors. Ce serait contraire à la déontologie de la restauration du patrimoine qui préconise d’intervenir à minima sur les parties dégradées.
Une fois que le laboratoire, la DRAC et la maîtrise d’œuvre auront déterminé les causes des dégradations et élaboré un protocole de restauration, un calendrier d’intervention sera établi. Un essai de restauration aura alors lieu. S’il est concluant, il sera appliqué à l’ensemble des décors endommagés.
En attendant les résultats de l’analyse et le protocole, le Département va faire enlever d’ici le mois de mars les échafaudages et les protections intérieures. Si tout se passe comme prévu, la Sainte-Chapelle sera de nouveau accessible aux fidèles, aux visiteurs et aux spectateurs en mai prochain. Les travaux de restauration reprendront plus tard, en 2024 ou 2025. Une affaire à suivre !
En même temps que les travaux de restauration, le Département a entrepris la réalisation d’une rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite. Connectée à une place de parking située à proximité immédiate, elle permettra aux personnes présentant des difficultés de déplacement, de se rendre à la chapelle.
Maîtrise d’ouvrage : Département de la Savoie
Maitrise d’œuvre : Agence D'AR JHIL, Joëlle Leoni, Gennaro D’Ambrosio
Sécurité et protection de la santé : ELYFEC
Contrôleur technique : QUALICONSULT
Montage et démontage des échafaudages : SAS Cireme échafaudage
Restauration des maçonneries, des enduits et des décors : Jacquet SARL
Etude et restauration des décors peints : Mériguet restauration
Première analyse des enduits et des décors peints : Laboratoires BPE
Révision et nettoyage des lustres : Etablissement de Chant Viron
Electricité : ELTIS
Ferronnerie de la rampe du grand escalier : SAS Delacroix
Zinguerie : Eurotoiture