Archéologues d'eau douce

Dans le cadre des championnats du monde d’aviron organisés sur le lac d’Aiguebelette, le Département de la Savoie propose l’opération « Palafittes ! » pour faire découvrir l’histoire enfouie des anciens villages lacustres du Néolithique et de l’âge du Bronze.

Laissant derrière eux des milliers de pieux de bois enfouis sous l’eau des lacs d’Aiguebelette et du Bourget, on les appelle, depuis le 19e siècle, « palafittes » de l’italien pala : pieux et fitta : fichés (dans le sol).

10 Photo balade canoë 

Tout près d’ici : des sites archéologiques classés au patrimoine mondial de l’humanité...

De nombreux lacs à travers les Alpes conservent sous leurs  eaux des vestiges de villages datant de la Préhistoire, appelés palafittes. Dans tout l’arc alpin plus de 1000 sites ont été répertoriés. En 2011 un ensemble de 111 de ces sites  à travers six pays a été classé au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco. On compte cinq sites classés en Savoie sous les eaux des lacs du Bourget et d’Aiguebelette.

Sous l’eau des grands lacs alpins subsistent des milliers de pieux enfoncés dans le sol. Ces vestiges témoignent de l’existence d’anciens villages du Néolithique (-5500 / -2200) et de l’âge du Bronze (-2200 / -800), appelés palafittes. Aucun autre endroit au monde ne nous renseigne aussi précisément sur la vie à la fin de la Préhistoire.

De la découverte des palafittes au milieu du 19e siècle à l’étude détaillée des sites par les archéologues subaquatiques, l’exposition vous présente l’évolution des méthodes des explorateurs de ces sites cachés. Comment les archéologues aidés des sciences de laboratoire arrivent-ils à connaître le climat, le paysage, à restituer l’urbanisme des villages, le territoire exploité et petit-à-petit à restituer la vie des hommes et des femmes qui s’installèrent au bord des lacs savoyards il y a plus de 3000 ans ?

La trilateration
Exposition
Schéma au sol

Ces découvertes viennent enrichir les collections des musées et font l’objet d’échanges et de publications scientifiques. Des cartes touristiques mentionnant les sites connus sont éditées et les collections lacustres du lac du Bourget sont présentées lors des Expositions universelles de 1878 et 1889 à Paris. Une imagerie populaire déclinée sous forme de dessins, caricatures et produits dérivés se développe autour de ces sites très riches en découvertes. C’est la naissance de stéréotypes qui marqueront longtemps les esprits : villages construits au milieu des lacs sur de grandes plateformes, occupés par des populations vêtues de peaux de bêtes, détruits violemment par le feu lors de leur conquête par des populations équipées d’épées en fer plus résistantes…

La révolution du scaphandre autonome

Mais contrairement aux stations suisses, les sites savoyards, recouverts par 3 à 5 mètres d’eau, ne peuvent s’étudier à pieds secs. Il faut attendre la diffusion du scaphandre autonome et la possibilité de découvrir les sites en plongée dans les années 1950 pour que les explorations progressent. Sur les bords du lac du Bouget, entre 1954 et 1967, des passionnés de plongée et d’archéologie réalisent les premières plongées sur le site du Saut de la Pucelle à Tresserve avec un matériel de fabriqué artisanalement.

Profession : archéologue lacustre

L’archéologie lacustre prend un tournant avec le chantier de Charavines - les Baigneurs sur le lac de Paladru (Isère). De 1972 à 1986, Aimé Bocquet et son équipe fouillent de manière exhaustive ce site néolithique constitué de deux occupations successives rapprochées dans le temps. Ce chantier de référence développe des méthodes pour fouiller les sites lacustres avec la même approche stratigraphique que les sites terrestres et forme de nombreux archéologues. Il bénéficie du développement des sciences auxiliaires à l’archéologie : datation par carbone 14, dendrochronologie, étude des pollens, essais de stabilisation des objets sortis de l’eau.

Après les palafittes…

Après la remontée des eaux des lacs vers - 800 et la fin des villages lacustres, les berges des lacs restent fréquentées mais la nature des sites change. Il y a beaucoup moins d’habitats identifiés pour les périodes suivantes. Par exemple, l’Antiquité est caractérisée par des sites d’activités artisanales et de probables lieux de culte. Le lac du Bourget a aussi servi au transport de matériaux comme la pierre de Seyssel utilisée pour la construction de bâtiments prestigieux durant l’Antiquité et le Moyen Âge. A Brison-Saint-Innocent, les restes d’une pirogue du haut Moyen Âge confirment la fréquentation du lac à cette période. Cependant la fonction de nombreux sites lacustres reste encore à identifier : s’il est assez facile de dater des éléments en bois, seules la fouille subaquatique, les analyses et les comparaisons permettent l’interprétation des vestiges.

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