Dans les Alpes, l’art rupestre se caractérise principalement par des gravures réalisées en plein air sur des dalles ou sur des blocs isolés disséminés dans des sites en vallée ou en altitude. Ces motifs incisés dans la pierre sur une période comprise entre la fin du Néolithique (3 200 av. J.-C.) et le début de l’époque romaine (1er s. av. J.-C.), évoquent des préoccupations quotidiennes ou des rituels symboliques liés à l’agriculture, la chasse, la guerre ou la danse.
Photographies Emmanuel Breteau
Parler d’art préhistorique revient souvent à évoquer les décors des grottes paléolithiques, comme Lascaux (16 000 ans av. J.-C.). Mais on ne saurait oublier celui des sites de plein air. Dans les Alpes, l’art rupestre (rupestris : rocher) se caractérise principalement par des gravures réalisées en extérieur sur des dalles ou sur des blocs isolés, en vallées ou sur des sites d’altitude. Ces motifs incisés dans la pierre se concentrent sur une période comprise entre la fin du Néolithique (3 200 av. J.-C.) et le début de l’époque romaine (1er s. av. J.-C.). Si les thèmes souvent figuratifs évoquent les préoccupations de ces temps (agriculture, chasse, guerre, danse…), ils ne révèlent toutefois pas leur sens véritable. Témoignant d’une maîtrise prodigieuse de l’art de graver, ces milliers de dessins piquetés nous rapportent la ferveur d’un dialogue instauré dans ces sanctuaires d’altitude entre l’homme et le divin.
En amoureux de la montagne, Emmanuel Breteau, a imaginé un inventaire en images (forcément incomplet) de ces pétroglyphes. Dix ans lui ont été nécessaires pour parcourir le massif et fixer sur la pellicule des milliers de gravures rupestres. Ce travail, tout à fait exceptionnel, propose pour la première fois une vision globalisante des pierres gravées, éclairées par les recherches des archéologues et des ethnologues. À travers une sélection de 64 images, cette exposition invite à un voyage entre France, Suisse et Italie à la découverte des témoignages de vie et de croyances des premiers Alpins.
Les gravures rupestres révélées par la photographie
À de rares exceptions, les figures rupestres sont difficilement visibles en lumière du jour. Seul un éclairage rasant peut trahir, par l’ombre portée, le trait du dessin dans la roche. L’érosion naturelle a fait perdre à ces motifs piquetés de quelques millimètres de profondeur, une part de leur relief.
Pour "saisir" ses images, Emmanuel Breteau a imaginé créer des conditions de studio autour des gravures. Il a donc opéré de nuit dans les sites d'altitude, muni de lumières artificielles qui lui ont permis de composer de bonnes conditions d’éclairage. Du reste, il s’en est débrouillé, perdu au milieu de la montagne, dans l’épaisseur des ténèbres… Son travail au final a permis de rendre désormais perceptible pour le plus grand nombre une part essentielle de l’art rupestre alpin, dans la richesse de son expression et l’incroyable diversité de ses motifs.
Gravures de Savoie :
Conjointement à l’exposition, la Conservation départementale du patrimoine de la Savoie présente les grands moulages des dalles d’Aussois en Haute Maurienne sur lesquelles ont été gravées les prestigieuses gravures rupestres réalisées à la période de l’Age du Fer. L’éclairage spécifique révèle les détails de ces témoins uniques et émouvants d’une histoire lointaine.