Etude sur l’histoire et les pratiques contemporaines du francoprovençal ou patois.
La place des langues, le francoprovençal, le français voire l’italien, revient fréquemment dans les attentes du public du Musée Savoisien. Les questions des visiteurs révèlent souvent une mauvaise interprétation de l’histoire de la Savoie (« on parlait italien en Savoie ? »), voire une méconnaissance totale de son histoire singulière au sein de l’Europe. L’étude réalisée contribue notamment à préparer le futur parcours du visiteur au Musée Savoisien.
Christiane DUNOYER, docteur en anthropologie de l’Université d’Aix-Marseille I, directrice du Centre d’Etudes francoprovencales René Willien et Natalia BICHURINA, doctorante en anthropologie linguistique des Universités de Bergame, de Perpignan et de Sydney.
Le francoprovençal ou patois, langue parlée sur le territoire de la Savoie depuis plus de mille ans, est aujourd'hui considéré comme « langue en danger ». Elle fait l'objet depuis de nombreuses années de recherches et de collectes grâce à un réseau associatif important.
Le Musée Savoisien a souhaité interroger l’actualité et la mémoire du francoprovençal en Savoie pour cerner les représentations et les enjeux scientifiques, culturels, sociaux et politiques contemporains de cette langue en Savoie. Les résultats de cette étude viendront nourrir le parcours permanent du musée rénové où seront abordés l’histoire de la langue, ses dénominations (patois, francoprovençal, langue savoyarde, arpitan…) et ses usages contemporains à travers des portraits de locuteurs contemporains.
Cette étude était inscrite dans le projet européen ETHNOLOGIA. Elle a été conduite par le Musée Savoisien avec le Conseil départemental de la Haute-Savoie, chef de file, et la Région autonome de la Vallée d’Aoste.
Le Musée Savoisien a missionné deux chercheures, Christiane DUNOYER, docteur en anthropologie de l’Université d’Aix-Marseille I, directrice du Centre d’Etudes francoprovencales René Willien, et Natalia BICHURINA, doctorante en anthropologie linguistique des Universités de Bergame, de Perpignan et de Sydney.
Elles sont allées à la rencontre de particuliers, associations, institutions… sur tout le territoire des deux Savoie et hors Savoie afin d’effectuer un recensement méticuleux et approfondi des matériaux oraux, écrits et audiovisuels. Elles ont également conduit de nombreux entretiens auprès de personnes pratiquant le « patois » ou « francoprovençal ».
La campagne des deux chercheures, parlant toutes deux le francoprovençal, s’est traduite par des rencontres avec différents types de locuteurs : ceux ayant été élevés dans un environnement bilingue ; des « activistes » ou « militants » qui se sont organisés pour conserver, défendre, promouvoir le francoprovençal ; des néo-locuteurs ayant choisi le francoprovençal comme langue d’expression nouvelle. L’objectif était de comprendre la relation à la langue, les pratiques effectives, mais aussi les représentations, motivations, organisations et productions des uns et des autres.
« Vous avez-dit francoprovençal ? Histoires des pratiques contemporaines du patois en pays de Savoie »